Le dimanche 19 novembre 2023, la RTS diffuse l’enquête d’investigation de Mise au Point intitulée :
« Prêtres pédophiles, abus sexuels :
les secrets de l’Abbaye de Saint-Maurice »
L’émission de Mise au Point affirme que :
a. Roland Jaquenoud est accusé d’abus sexuels.
b. Roland Jaquenoud a profité de la vulnérabilité d’un novice et obtenu de sa part un rapport non consenti.
c. Les témoins et la victime ont été sanctionnés à cause de Roland Jaquenoud.
d. Roland Jaquenoud est parti au Kazakhstan pour éviter les conséquences de son «agression sexuelle».
e. Roland Jaquenoud a été au centre d’une « affaire » qui a demandé l’intervention du pape.
f. Roland Jaquenoud a pris la place de numéro 1 de l’Abbaye laissée vacante après le retrait de Jean Scarcella.
Mais en fait :
a. Aucune plainte pour abus sexuels n’a jamais été déposée contre Roland Jaquenoud.
b. Le novice en question était un adulte âgé de plus de 25 ans alors que Roland Jaquenoud avait un peu plus de 30 ans. Le novice n’a jamais accusé Roland Jaquenoud d’avoir eu avec lui un «rapport non consenti». Roland Jaquenoud a mis fin à leur relation aidé par la consultation d’un père spirituel à l’extérieur de l’Abbaye.
c. Personne n’a été sanctionné. Le novice a pris ses responsabilités et a quitté l’Abbaye en 2003.
d. Roland Jaquenoud qui parle couramment le russe part au Kazakhstan pour un enseignement en été 2003. Il ne pouvait pas à ce moment-là imaginer qu’en 2004 le novice dénoncerait leur relation dans une lettre au Vatican.
e. L’Abbaye est placée sous la juridiction immédiate du Saint-Siège, son implication est donc naturelle.
f. Roland Jaquenoud gère l’abbaye par intérim suite au retrait du père abbé mais il reste prieur.
Cette enquête partielle et mensongère a les conséquences suivantes :
- Roland Jaquenoud est licencié de son poste d’enseignant au lycée-collège de Saint-Maurice en janvier 2024 et exclu de sa fonction de prieur à l’Abbaye ;
- le visage de Roland Jaquenoud incarne désormais les actes pédophiles et les abus sexuels dans l’Église. Le dommage moral est immense ;
- sur internet, sa photo sert pendant plus de 2 mois de lien cliquable pour accéder à l’émission, avec comme légende : «le nouveau numéro 1 de l’abbaye à son tour accusé d’abus sexuels» ;
- pour Roland Jaquenoud dont «l’affaire» continue de vivre dans la presse numérique et sur les réseaux sociaux, la recherche d’un nouvel emploi constitue une nouvelle épreuve.
Les implications à l’étranger
La RTS vend l’émission à Rossyia 1, qualifiée par le journal Le Monde de «tapis roulant de la propagande russe», et dont l’audience est estimée à 50 millions de téléspectateurs.
L’enquête de Mise au Point traduite en russe par «Les violences sexuelles à l’Abbaye de Saint-Maurice» est diffusée le jeudi 18 janvier, suivie d’un talk-show animé par la journaliste star de la chaîne, Olga Skabeïeva.
Quelle crédibilité pour la RTS ?
La RTS a produit une émission calomnieuse en violation de la loi et dans l’irrespect du mandat de service public qui lui est confié par la Confédération, contredisant en cela sa propre charte déontologique.
L’émission a publié des images de Roland Jaquenoud sans son consentement.
Elle n’a pas respecté la présomption d’innocence.
Elle n’a pas respecté la diversité des points de vue. Aucun témoin n’est cité pour parler en faveur de Roland Jaquenoud.
L’émission n’a pas vérifié ses sources. Elle a présenté une contrevérité – «l’éloignement au Kazakhstan» – comme une preuve de culpabilité.
Elle a employé le mode conditionnel pour construire une enquête à charge sans en apporter les preuves : «le pape Jean-Paul II aurait vérifié que l’affaire Roland Jaquenoud», «Roland Jaquenoud aurait abusé d’un subordonné».
Elle a mis en scène l’information. L’émission a fabriqué un dossier criminel sur Roland Jaquenoud. Elle a employé de manière répétée une musique de fond angoissante. Pour asseoir la culpabilité de Roland Jaquenoud, elle a usé d’une terminologie propre aux enquêtes criminelles : «l’affaire Roland Jaquenoud», «Roland Jaquenoud le n. 1 de l’Abbaye», «le nouveau chef», «l’omerta».
Avec une thématique visuelle (image d’un angelot) et lexicale pédophile, l’émission a opéré un glissement de l’accusation d’abus sexuels vers l’accusation de crimes pédophiles.
Et pourtant...
Le 26 avril 2024, le journaliste François Ruchti est primé aux Swiss Press Awards pour son enquête sur les abus sexuels à l’Abbaye de Saint-Maurice.
Distribution d'un dépliant aux collaborateurs et collaboratrices de la RTS, devant la tour de la RTS, au quai Ernest-Ansermet 20, à Genève.
Le 20 septembre 2024, deux membres du groupe de soutien à Roland Jaquenoud distribuent le dépliant qui révèle la façon dont l'émission de Mise au Point a fabriqué une accusation en transgressant les codes déontologiques de la profession.
Deux agents viennent interrompre cette distribution et avisent les membres du groupe que cette action sera inscrite à la main courante de la police.
Par mail, la RTS signifie une interdiction de distribuer ce "texte diffamatoire pour ses collaboratrices et collaborateurs" sous menace de poursuites judiciaires.
Photo prise le jour de la distribution d'un dépliant aux collaboratrices et collaborateurs de la RTS devant la tour de la RTS à Genève.